
1945 : Les prémices
Après-guerre, à Bordeaux comme ailleurs on manquait de tout… mais pas d’idées. Marguerite Massip, agile de ses 10 doigts fabriqua en 1945 son tout premier sac à main en textile pour sa fille Simone.
Ce sac fit l’admiration de ses amies en cour de récréation, Marguerite reçut donc de nombreuses commandes de tout le quartier. Jusqu’au jour où une mercerie proche lui proposa d’en assurer la vente en magasin. Ce fut un vrai succès !
C’est ainsi que furent fondés les « Ateliers Marguerite Massip » en 1945 – situés Boulevard Georges V à Bordeaux - barrière de Pessac. Face à la demande qui explosait, Marguerite finit par s’adjoindre les services de son fils Maurice dès 1947. C’est lui qui a apporté son savoir-faire dans le métier du cuir, permettant ainsi à la société de passer un nouveau cap.
Pendant 13 ans, ils vont développer ensemble la marque déposée de sacs en cuir Divona distribuée dans toute la France et qui connut ses heures de gloire.
Marguerite MASSIP
Plaquette commerciale Divona
1960, le développement
En 1960, Maurice décide d’ouvrir son propre atelier « Maurice Massip », installé au carrefour de la rue des Beaux-arts et de Tauzia, dans le quartier de la gare de Bordeaux.
Maurice et Louison MASSIP
L'atelier au croisement de la rue des Beaux-arts et rue de Tauzia
C'est en 1962 que la 3e génération des Massip fait son apparition dans la société. Le fils aîné de Maurice, Jean-Claude de son prénom, est de retour de la guerre d'Algérie. Sans connaissance réelle du métier, il va être formé par un ouvrier d'exception et apprendra les arcanes de la découpe, du montage et du patronage de sacs. Il s'avèrera très doué, et deviendra rapidement un élément essentiel du développement de l'atelier de son père.
En 1976, les Etablissements Massip comptent une quinzaine d’employés, mais les temps sont durs à l’atelier. Alain Massip, le fils benjamin de Maurice, décide de rejoindre la société familiale.
Fort de son expérience de Directeur Administratif et Financier et de Directeur Commercial, il va apporter ce qui manque le plus à l’atelier : son propre réseau de distribution commerciale. Alain prend personnellement en charge la vente des sacs Massip dans les grandes maroquineries en France, particulièrement la région Parisienne et Bordeaux. Il met aussi en place un réseau dédié aux grands comités d’entreprises. Mais Alain a plusieurs cordes à son arc : avec un sens inné des tendances, des volumes et des perspectives, il dessine des collections entières de sacs.
Son frère Jean-Claude leur donne vie par ses compétences techniques… et le succès est de nouveau au rendez-vous.
1977, un premier magasin
À tel point que la famille décide d’ouvrir en 1977 son premier magasin d’usine, dans un ancien garage adjacent à l’atelier.
En 1978, la porte du garage est remplacée par une vitrine, mais le magasin reste aussi exigu. Déjà, les clients faisaient la queue sur le trottoir avant Noël pour s’acheter leur sac-à-main en crocodile.
Profitant du rachat d’une parcelle de terrain, le magasin rue de Tauzia s’agrandit en 1981.
En plus des sacs à la demande, les Etablissements Massip fabriquent des vêtements en cuir sur mesure.
Alain et son frère Jean-Claude MASSIP
1991, Les Grands-Hommes
Soucieux de se développer et de prendre pied dans le triangle d’or Bordelais, les « fils de Maurice » ouvrent un magasin dans la toute nouvelle galerie marchande des Grands-Hommes en 1991. C’est la création de la boutique « DE GRIMM » telle qu’elle existe encore aujourd’hui.
La boutique De Grimm aux Grands-Hommes - rebaptisée Massip Maroquinerie en 2022
Vue de l'atelier - Place des Grands-Hommes
2001–2025 : Transmission et renouveau
En 2001, Fabienne Massip rejoint la maison familiale, après une première carrière dans le secteur du vin. Elle choisit de se rapprocher de son père Alain Massip à la suite du décès de sa mère, et s’immerge dans toutes les facettes de l’entreprise. Pendant plus de dix ans, elle apprend les rouages du métier : gestion des achats, relation client, suivi de production, vente. Elle insuffle une nouvelle énergie, en structurant les process, en renforçant l’accueil, et en posant les bases d’une organisation plus rigoureuse.
En 2012, elle reprend la direction de l’entreprise et engage une montée en gamme affirmée. La fabrication française devient un pilier stratégique, l'identité de la marque s'affirme, et l’offre évolue vers une maroquinerie haut de gamme, exigeante, sobre et durable.
En 2014, Cyril Coutzac rejoint la direction. Fort de quinze années d’expérience dans le marketing et le développement commercial au sein de groupes internationaux, il apporte à la maison une expertise précieuse dans le pilotage stratégique, la gestion, et l’optimisation des outils numériques. Il met en place les premiers systèmes d’information performants, refond entièrement le site internet, structure la présence digitale et les réseaux sociaux. Cette nouvelle architecture permet à De Grimm de moderniser ses canaux tout en restant fidèle à son ADN artisanal.
En 2016, Olivier Massip, frère de Fabienne, revient à Bordeaux pour replacer l’atelier au cœur du projet. Maître artisan maroquinier, formé dès 1988 à l’école de l’abbé Grégoire, compagnon du devoir, il a affûté son geste auprès des plus grandes maisons (J.M. Weston, Charles Jourdan), fondé son propre atelier, et formé les nouvelles générations chez Hermès. Il revient avec ses outils, ses machines et sa méthode, pour faire franchir un cap au savoir-faire maison : renforcement des techniques traditionnelles, exigence sur les matériaux, qualité de piqûre, finitions haute couture. Il fait évoluer les modèles iconiques dessinés par son père et son grand-père, en préservant leur esprit mais en y ajoutant un niveau de maîtrise inédit.
En 2024, Olivier célèbre ses 35 ans de métier. Son geste, précis, sobre, sans compromis, reste le socle de l’excellence De Grimm.
Cyril, Fabienne et Olivier
2021 : Reconnaissance d’un savoir-faire d’exception
En 2021, la maison De Grimm est lauréate de l’appel à projets du ministère de la Culture dédié à la transition numérique des entreprises du patrimoine vivant et des métiers d’art de la mode. Ce soutien prestigieux vient consacrer la singularité du modèle De Grimm : une production 100 % bordelaise, un savoir-faire entièrement intégré à l’atelier, et une exigence constante dans la fabrication comme dans la transmission.
Cette reconnaissance officielle conforte les choix stratégiques engagés depuis plusieurs années, tout en permettant à la maison d’investir dans des outils numériques adaptés à un artisanat d’exception, sans compromettre la qualité, le rythme ou l’esprit du geste.
2022 : Une boutique pour incarner la marque
Après plusieurs années de travail en profondeur sur le positionnement, les collections et l’organisation interne, De Grimm franchit une étape décisive : l’ouverture de sa première boutique dédiée, au 4 rue Michel Montaigne, au cœur du triangle d’or de Bordeaux. Ce lieu, pensé comme un écrin, incarne l’univers de la marque : une maroquinerie de luxe, confidentielle, intemporelle, entièrement fabriquée à Bordeaux. Chaque modèle y est présenté dans un cadre sobre et élégant, à l’image des valeurs de la maison.
Boutique dédiée De Grimm - 4 rue Michel Montaigne
Cette ouverture permet également de clarifier l’organisation commerciale : La boutique historique, installée depuis 1991 dans la galerie des Grands-Hommes, devient Massip Maroquinerie, et se spécialise dans la distribution de marques partenaires, notamment dans les domaines professionnels et du voyage. De Grimm devient ainsi, pleinement et distinctement, le nom de la marque de maroquinerie haut de gamme créée et fabriquée dans notre propre atelier.
Cette séparation des univers permet à chaque entité de s’épanouir selon sa vocation propre : D’un côté, la fabrication d’exception, la création et le luxe tranquille avec De Grimm. De l’autre, l’expertise en bagagerie et maroquinerie sélectionnée avec Massip Maroquinerie.
2023 : Une trajectoire affirmée
L’ouverture de la boutique dédiée a marqué un tournant pour De Grimm. Depuis, la maison renforce progressivement son rayonnement, portée par la clarté de son positionnement, la reconnaissance de son savoir-faire, et l’attachement croissant d’une clientèle sensible à l’artisanat français, au service durable et à l’intemporalité. La croissance, continue et soutenue, reste à deux chiffres, confirmant la pertinence des choix stratégiques opérés ces dernières années.
En 2023, De Grimm est lauréate du plan France Relance 2030 en Nouvelle-Aquitaine, un soutien public qui accompagne les entreprises engagées dans la valorisation des métiers d’art, la transition durable et le développement territorial. Ce nouveau jalon institutionnel conforte la maison dans ses choix : prendre le temps de bien faire, investir avec mesure, grandir sans renier son indépendance ni son identité.
2025 : 80 ans d’héritage vivant
Cette année, De Grimm célèbre ses 80 ans. Une longévité rare, née d’un enracinement profond à Bordeaux, de gestes transmis avec exigence, et d’un art de vivre discret, fidèle à ses valeurs. Mais pas question de regarder en arrière : cette étape symbolique est l’occasion d’ouvrir un nouveau chapitre, dans la continuité.
80 ans de l'atelier (1945-2025)
L’atelier s’agrandit progressivement, avec l’arrivée de nouvelles maroquinières qualifiées, dont Flora, qui seconde aujourd’hui Olivier Massip dans la production des modèles. Ce renforcement humain permet d’envisager plus sereinement la croissance, sans sacrifier l’exigence qui fait la réputation de la maison. Un projet d’agrandissement est en réflexion, pour accueillir ce développement dans un lieu mieux adapté, où le savoir-faire pourra être partagé davantage, sans rien perdre de son intégrité.
Pour accompagner cette année anniversaire, un nouveau sac bandoulière voit le jour. Fidèle aux lignes De Grimm, pensé pour le quotidien comme pour les instants précieux, il incarne la volonté de créer des pièces durables, élégantes, et profondément vivantes.
De Grimm continue ainsi d’écrire son histoire : une histoire de mains, de matière, de transmission. Une histoire bordelaise, artisanale, féminine, engagée — et toujours en mouvement.